Matthieu 13, 44-52 – Reconnaître les signes du Royaume

 

Pasteur Bernard Mourou

Depuis deux dimanches, nous lisons les paraboles de Jésus sur le Royaume, c’est-à-dire sur le règne de Dieu. Au total, Matthieu présente sept paraboles sur le Royaume, un chiffre symbolique.

En tout nous en avons lu quatre : celle du semeur, celle de l’ivraie, celle de la moutarde et celle du levain. Aujourd’hui, nous en voyons trois nouvelles, Elles sont brèves et ne figurent que dans cet évangile. Elles parlent d’un trésor, d’une perle et d’une pêche.

Utiliser plusieurs paraboles plutôt qu’une seule a un intérêt : cela permet d’affiner une idée. Nous, pour obtenir ce résultat, nous utilisons plusieurs mots et nous tâchons de trouver les plus précis. Jésus a une autre culture : il arrive au même résultat en se focalisant non pas sur les mots, mais sur les images. Plusieurs paraboles toucheront plus prêt la réalité du Royaume qu’une seule.

Les trois paraboles de notre passage ont un point commun : elles parlent de choses à la fois précieuses et cachées. Le trésor est enfoui dans la terre à une époque où cacher ses possessions était la seule manière de les mettre à l’abri des voleurs, la perle demande un regard d’expert pour être découverte et restera au fond de la me si personne ne vient la prendrer, et seul un pécheur professionnel sait opérer un tri entre les poissons propres à la consommation et ceux qui ne le sont pas.

Chaque fois, le hasard joue un rôle et la maîtrise n’est pas totale. L’homme qui trouve le trésor ne l’a pas cherché, il travaillait juste dans son champ ; le marchand cherchait bien des perles fines, mais il ne savait pas quand il en trouverait une ; le pêcheur est à la recherche de poissons, mais c’est encore le hasard qui lui fait capturer ceux-là plutôt que d’autres. Dans ces trois cas, quelque chose survient comme une bonne surprise, comme une grâce.

Le trésor, la perle et les poissons ont de la valeur et justifient une recherche ou un travail. L’idée développée dans ces trois paraboles, c’est que le Royaume implique des renoncements.

Mais contrairement à une idée reçue, toute idée de sacrifice est absente de ces trois paraboles. Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas tant la décision de renoncer à tout pour l’objet de la découverte, mais de voir qu’il y a un trésor à déterrer, une perle à découvrir, des poissons à prendre.

Mais si le hasard joue un rôle, il peut être aidé par la capacité de discerner ce qui a de la valeur.

Il ne s’agit pas seulement de comparer la vie spirituelle à un trésor ou à une perle, mais de montrer ce qui se passe quand on découvre un trésor ou une perle. L’important n’est pas tant l’objet lui-même que la relation qui s’établit entre lui et la personne qui le cherche. Ces paraboles s’intéressent à la quête elle-même et à la disponibilité des uns et des autres à faire ces découvertes.

Ces trois paraboles cherchent à nous faire comprendre que ce qui est déterminant, c’est notre niveau de perspicacité qui nous permettra le cas échéant de saisir l’occasion qui se présente à nous.

Si nous ne sommes pas attentifs, le Royaume risque de rester caché comme le trésor dans la terre ou la perle au fond de la mer.

Avons-nous le coup d’œil habile de l’expert, qui sait reconnaître ce qui est précieux ? Savons-nous trouver les trésors cachés de Dieu dans nos existences ? Pouvons-nous reconnaître ce qui nous parle de Dieu ?

Ces trois paraboles nous invitent à faire preuve d’attention, et nous savons que les mois d’été sont particulièrement propices pour nous exercer.

Le Royaume est donné comme quelque chose d’inattendu. Il est à la fois caché et visible pour qui sait le voir. Parfois il faut juste regarder là où nous n’aurions pas l’idée de chercher. Ce sera peut-être une rencontre, une parole, une lecture, un film, un paysage, toutes ces choses à travers lesquelles Dieu peut nous parler.

Ces trois paraboles nous invitent à une vie attentive. Et alors le Royaume se révélera comme un coffret scintillant de pièces d’or, comme cette perle irisée de reflets subtils.

Amen

Contact