Jean 3, 16-18 – Dieu a tant aimé le monde

 

Un jour, un pharisien appelé Nicodème était animé d’une vraie recherche spirituelle. Il vint de nuit vers Jésus de nuit pour l’interroger.

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, pour que tout être humain qui croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle.

Ce verset synthétise la réponse que Jésus lui a faite sur les grandes questions existentielles.

En cela, il est un condensé de tout l’Evangile. On en a vite compris l’importance. Au XIXe siècle, il a souvent été choisi pour orner les temples.

C’est ce qu’en théologie on appelle une clef herméneutique, c’est-à-dire une clef qui permet d’interpréter tout le reste des Ecritures.

Ce verset fait référence à l’alliance que Dieu conclut avec l’être humain.

Dans la vie courante, nous employons ce terme d’alliance principalement dans deux cas : celui du mariage et celui de pays qui pendant une guerre combattent les uns aux côtés des autres. Il signifie que je peux compter sur l’autre et que l’autre peut compter sur moi, ainsi les conjoints dans le cas du mariage ou les pays amis, autrement dit les alliés, lors d’un conflit. L’alliance rend plus fort.

Dans le récit biblique, cette notion d’alliance est partout présente, mais elle se précise au fil du temps. Elle apparaît avec Noé, et elle est alors symbolisée par l’arc-en-ciel qui succède au déluge, elle revient avec le don de la loi à Moïse, qui fait l’objet du texte choisi en première lecture, et elle aboutit enfin à cette étape ultime que nous appelons « la nouvelle alliance », celle offerte par Jésus-Christ.

Cette dernière alliance n’est plus conditionnelle. Elle abolit la condamnation. Il ne s’agit plus pour Dieu de juger, mais de sauver.

Et puis elle a une seconde particularité : elle ne concerne plus le seul peuple juif, mais toute l’humanité. Comme nous l’a rappelé le passage des Actes lu dimanche dernier avec cette longue énumération de peuples qui entendaient cette parole dans leur propre langue signifiait : toute barrière est désormais abolie. Chaque être humain peut être au bénéfice de cette nouvelle alliance, quelle que soit son origine ou sa culture. C’est pourquoi le christianisme prend aujourd’hui des formes variées selon le pays dans lequel il s’est enraciné. On parle d’inculturation.

C’est un grand privilège d’être au bénéfice de cette alliance. Et on le reçoit de la manière la plus simple qui soit : non plus par la vision d’un arc dans le ciel ou par l’observance de prescriptions inscrites sur des tables de pierre, mais juste en donnant du crédit à cette bonne nouvelle de l’Evangile.

En effet, c’est la foi qui permet d’en prendre acte. Comme le disait dans une de ses prédications le pasteur Adolphe Monod, qui a marqué tout une génération de protestants au XIXe siècle : La foi ne fait que recevoir ; et c’est par cette simplicité du recevoir qu’elle vaut, parce que c’est par elle qu’elle laisse à Dieu toute la gloire du faire.

Mais est-il vraiment si simple de comprendre ce qu’est la foi ? Sait-on toujours de quoi l’on parle ? Les théologiens se sont interrogés sur elle.

Le cardinal Newman, ce grand intellectuel anglais du XIXe siècle, en parlait avec cette image : il la voyait incolore, comme l’eau ou l’air, à travers lequel l’âme voit le Christ, s’y repose et le contemple. Et il disait que vouloir la saisir revenait à lui substituer un sentiment, une idée ou une conviction.

Bref, il montrait qu’à trop vouloir la considérer comme un objet elle risquait de nous échapper. Car la foi est une attitude : elle consiste à faire confiance. Dans cette mesure, on ne peut évidemment pas la saisir, de même qu’il est impossible de saisir Dieu.

Quand Voltaire, dans une réflexion fort connue, exprime sa conviction qu’un grand horloger est à l’origine de l’univers, il affirme quelque chose sur l’existence de Dieu, mais il se place sur le plan de la croyance. Or la foi ne se réduit pas à la croyance. Elle n’est pas un article de catéchisme que le membre d’Eglise validera pour témoigner de son orthodoxie, c’est-à-dire de son conformisme en matière de croyance, mais une réflexion de tous les jours sur son histoire personnelle et sur celle du monde.

La foi est un principe existentiel qui nous donne accès à cette nouvelle alliance.

Amen

 

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