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Luc 12, 32-48
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Notre passage d’Evangile aujourd’hui suit immédiatement celui de dimanche dernier et dans sa première partie, il aborde le même thème : le thème de l’argent et l’attitude qu’il faut avoir à son égard.
Dans le passage de dimanche dernier, vous vous souvenez, Jésus racontait cette parabole qui mettait en scène un homme dont les greniers étaient pleins à craquer de les marchandises qu’il avait accumulées au long des années, qui avait toujours remis la jouissance de ses richesses à plus tard et que la mort l’avait surpris brutalement.
Cette accumulation ne lui avait servi à rien, il n’en avait pas profité. Il avait recherché une sécurité, mais cette sécurité s’est révélée illusoire, parce que tous ces biens matériels étaient impuissants à prémunir l’être humain contre la mort.
Cette question de l’argent est d’ailleurs largement présente dans l’œuvre de Luc : elle continuera à être présente dans le livre des Actes, qui est la suite de cet Evangile : on pourra y lire la tentative de mettre les biens de chacun à la disposition de tous, ou encore l’expérience funeste d’Ananias et Saphira, ce couple qui avait choisi de tricher sur les questions d’argent et qui ont eu une fin tragique.
Oui, les conséquences d’un mauvais rapport à l’argent peuvent se révéler particulièrement pernicieuses.
C’est ce que l’apôtre Paul rappellera à Timothée : Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans le piège de la tentation, dans une foule de convoitises absurdes et dangereuses, qui plongent les gens dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. La racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent.
Il ne dit pas : La racine de tous les maux, c’est l’argent, mais il dit : La racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent.
En fait, sauf à revenir au système archaïque du troc, l’argent est indispensable au bon fonctionnement de la société. Ce n’est pas l’argent qui est le problème, mais c’est l’attitude que nous avons vis-à-vis de lui.
Selon qu’elle sera juste ou pervertie, elle aura des conséquences bénéfiques ou funestes sur nous et autour de nous. L’argent ne devrait être qu’un moyen et jamais un but en soi.
On dit que l’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître, et cette maxime proverbiale va tout à fait dans le sens de notre Evangile.
C’est pourquoi Jésus invite ses disciples à ne pas vouloir s’accaparer les biens matériels, mais au contraire à être prêts à les partager avec ceux qui en ont besoin.
Cette règle est bénéfique pour l’économie. Les experts savent qu’une économie saine exige repose sur le libre échange des marchandises, sur la libre circulation des biens. On sait que tout pays replié sur lui-même voit sa prospérité décliner et l’actualité récente, avec le Brexit, est en train de nous le montrer une nouvelle fois.
Oui, quand les biens circulent, ils irriguent la société, un peu comme le sang, quand il circule, irrigue l’organisme et entretient la vie. Garder ses biens pour soi revient à bloquer leur circulation ; à l’inverse, être généreux avec ce qu’on possède, ne pas faire preuve d’avidité, c’est libérer leur circulation et permettre à la vie.
Jésus nous invite à être de bons gestionnaires, à ne pas garder jalousement notre argent, mais à le faire circuler. Cette attitude est celle que pour beaucoup vous avez déjà.
Mais avoir une juste attitude vis-à-vis de l’argent, cela n’a pas comme effet bénéfique seulement de faire de nous de bons gestionnaires.
Les biens matériels sont illusoires parce qu’ils se détruisent et finissent par disparaître. Les archéologues en font constamment l’expérience lorsque dans leurs fouilles ils retrouvent les débris des civilisations passées.
Mais il n’en va pas de même des biens spirituels : ils sont indestructibles et personne ne pourra nous les ravir. Oui, le seul trésor véritable n’est pas matériel, il est spirituel : c’est le Royaume de Dieu.
Ce n’est pas par hasard si dans notre texte Jésus commence par ces mots : Sois sans crainte, petit troupeau. Sois sans crainte.
Ne pas s’attacher à nos biens est la seule attitude valable, mais elle nécessite de notre part une certaine confiance. Il ne s’agit de se mettre en danger ou à mettre en danger notre famille. Il faut donc avoir confiance dans cette promesse : celle d’avoir un trésor dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas.
Oui, Jésus nous invite à cette confiance dans la gestion de nos biens.
Et ce qui est vrai sur le plan individuel l’est aussi sur le plan ecclésial : avons-nous cette confiance que notre paroisse de Haute-Provence ne manquera de rien ? Sommes-nous prêts à ce que notre argent circule librement, non pas bien sûr dans une attitude irresponsable, mais dans une attitude confiante face à l’avenir ?
Certes, on peut nous rétorquer que nous sommes très peu nombreux, et donc particulièrement vulnérables. C’est vrai. Mais n’oublions pas que Jésus dans ce texte s’adresse au petit troupeau : Sois sans crainte, petit troupeau. Précisons tout de même que ce petit troupeau n’est pas un ghetto sectaire, mais la minorité ayant le privilège d’avoir été informée que Dieu a décidé de sauver le monde entier.
S’inquiéter pour des choses matérielles, c’est faire offense à Dieu, en croyant que nous seuls pouvons assurer nos propres besoins. Jésus ne cherche pas à nous appauvrir, mais à nous permettre de vivre dans la paix et la sérénité.
Amen.
Bernard Mourou