Introduction :
Depuis le début de ce culte nous cheminons avec des textes de la Bible qui parlent de Dieu comme d’un berger – nous avons eu le Ps 23 ou Jn 10. Dans les textes que nous avons lus, entendus, cette figure de berger est vue positivement ; David, le roi par excellence était un berger et les patriarches (Abraham, Jacob) étaient des bergers.
Vous allez donc me dire pourquoi ce texte pour ce deuxième dimanche de l’Avent ?
Des marginaux
Des marginaux :
- Contrairement à l’AT, au temps d’écriture de l’évangile de Luc – les bergers n’étaient plus les modèles de la société. Ils n’avaient pas forcément une bonne réputation, ils étaient volontiers tenus comme des vagabonds, des brigands. Ils étaient en bas de l’échelle sociale.
- C’est pourtant à ces personnes aux marges de la société, à ces plus pauvres que la Bonne Nouvelle de cette naissance a été apportée – c’est vers eux que Dieu envoie un messager – c’est à eux en priorité qu’est faite l’annonce de la Bonne Nouvelle dans l’évangile de Luc.
- Un choix d’annonce qui n’est pas anodin. Un choix qui montre l’importance qu’ils ont pour Dieu ; l’importance qu’a pour Dieu les plus pauvres – ceux qui ne sont pas les plus fréquentables. Dans l’évangile nous voyons beaucoup Jésus aller au contact de ceux qui sont aux marges de la société.
Et qu’en est-il pour nous ?
- Qu’en est-il alors de notre appel à aller annoncer cette Bonne Nouvelle à ceux aux marges de la société ?
- De même sommes-nous prêts à accueillir les plus pauvres dans nos assemblées ? sommes-nous prêts à faire de la place dans nos communautés bien rangées pour les plus pauvres ?
- Sommes-nous enfin prêts à aller rejoindre les plus là où ils veillent, là où ils sont ?
Une annonce à étudier
Il est intéressant de voir comment, quels moyens Dieu déploie pour aller à leur rencontre :
- Tout d’abord l’envoi d’un ange et ensuite d’une multitude d’anges : Dieu ne lésine pas sur les moyens de l’annonce. À ces plus pauvres, il envoie une multitude d’ange de l’armée céleste. Dieu n’est pas à l’économie de moyens pour annoncer cette bonne nouvelle aux plus pauvres (Zacharie – Marie ont eu droit à un ange – les bergers eux ont eu droit à une multitude…)
- Dieu vient ensuite les rejoindre là où ils sont (dans les champs environnants ou alentours), pas forcément dans les synagogues ou au temple – mais dans les champs, là où ces personnes sont – généralement dans l’annonce d’une Bonne Nouvelle aux plus pauvres, nous devons les rejoindre là où ils sont – car oui l’église, le temple, les lieux de réflexions et de débats ce ne sont pas toujours des lieux prioritaires quand on manque de tout.
- Dans ce récit d’annonce, ce qui m’interpelle au-delà du contenu de l’annonce (qui est formulée de façon simple) : « Il vous est né un sauveur qui est le Christ, le Seigneur » – c’est la « Gloire du Seigneur », Luc dit « La gloire du Seigneur se mit à briller tout autour d’eux » – une gloire (une présence) qui conduit les bergers à être saisis d’une grande crainte, Dieu est là, Dieu est présent dans cette annonce qui leur sera faite. C’est cette présence qui rend crédible l’annonce, ce n’est pas juste le contenu du message.
- La nécessité enfin de rassurer : la présence de Dieu est porteuse d’une Bonne Nouvelle – et parfois il faudra aussi faire découvrir à l’autre une nouvelle facette de Dieu, ce Dieu qui vient les rejoindre pour une Bonne Nouvelle – ce Dieu que nous n’avons plus à craindre en Jésus-Christ – ce Dieu qui pour beaucoup reste à découvrir.
Qu’en est-il de nous ?
- Cela pose la question d’une église qui voudrait rester dans ces murs sans s’investir dans la société et plus précisément aux marges de la société. Sommes-nous prêts à aller au dehors, dans des lieux pas toujours simples ?
- Cela pose la question des moyens que nous sommes prêts à investir individuellement et communautairement pour aller à la rencontre de ceux aux marges ? un messager ? une multitude de messager ?
- Qu’en est-il de notre annonce ? de simples mots ou des mots accompagnées de la présence bouleversante de Dieu ? Peut-être que quelque part est-ce aussi une prière que nous pouvons formuler : que notre annonce soit toujours accompagnée de cette gloire de Dieu, de cette présence bouleversante de Dieu. Le monde peut sentir que Dieu nous accompagne, que Dieu est là.
- Sommes-nous prêts à rassurer – à faire découvrir à l’autre ce Dieu qui vient les rejoindre – ce Dieu qui est une Bonne Nouvelle – ce Dieu qui pour beaucoup reste à découvrir ?
Une réponse qui interpelle
Nous avons enfin à apprendre sur l’accueil de cette Bonne Nouvelle par les bergers. Commençant tout d’abord par l’impact du message des anges
Ce message va provoquer l’urgence d’aller à la rencontre
- La réponse des bergers à cette Bonne nouvelle est de se rendre en hâte… d’aller en urgence à la rencontre de cet enfant qui vient de naitre.
- L’annonce faite est tellement bouleversante, percutante – la présence, la gloire de Dieu tellement environnante que les bergers n’ont pas de temps à perdre pour y répondre
Qu’en est-il de notre réponse ? quelle urgence pour nous d’aller à la rencontre de Dieu ? quelle réponse suscite en nous l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ? quelles barrières nous empêchent d’aller courir à la rencontre de Jésus ?
Regardons ensuite l’impact de la rencontre avec Jésus
La louange
- Les bergers à la suite des anges quittent Jésus en louant Dieu – cette rencontre va conduire à la louange. Un des fruits de la Bonne Nouvelle est la louange.
- Quelle place pour la louange dans nos vies quotidiennes, dans nos vies communautaires – ce récit nous montre, nous rappelle que la louange est une réponse logique à la Bonne Nouvelle du salut.
L’annonce
- Ces bergers seront les premiers évangélistes – puisqu’ils seront les premiers à aller propager cette bonne nouvelle dans l’évangile de Luc. Cette rencontre les pousse à l’annonce.
- Comme ces bergers, sommes-nous poussés à aller aussi partager cette Bonne Nouvelle ? la rencontre bouleversante de Christ nous pousse généralement à vouloir partager la Bonne Nouvelle.
- Au-delà de la louange, l’envie de partager cette bonne nouvelle n’est pas seulement le résultat d’un commandement qui serait « Allez faire de toutes les nations des disciples » ou « Soyez mes témoins… » (Ac) – ici l’envie de partager cette Bonne Nouvelle nait de la nature même de la Bonne Nouvelle, du bouleversement qu’elle apporte dans la vie des bergers.
- Nous pourrions essayer de suivre le commandement de Dieu – nous pourrions être convaincu intellectuellement que la mission de l’église est d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ mais peut-être que nous avons à nous laisser encore et toujours laissé bouleversé par cette bonne Nouvelle pour que nous ayons aussi ce désir de faire connaitre cette Bonne Nouvelle. Car oui, au-delà de nous, c’est cette gloire de Dieu qui bouleverse – au-delà de nous c’est cette rencontre avec le Christ qui change la vie et qui déclenche la louange et l’envie d’annoncer cette Bonne Nouvelle encore et toujours.