1 Corinthiens 12, 4-11 – La diversité dans l’harmonie

       

Dans notre Europe du XXIe siècle, les villes jouent un rôle toujours plus prépondérant. On a vu resurgir la concurrence entre les villes françaises lors du redécoupage régional. Eh bien c’était sans doute encore plus vrai dans la Grèce du Ier siècle. Chaque ville avait sa spécificité.

L’apôtre Paul écrit à l’Eglise de Corinthe. Comme Athènes, Corinthe était une ville significative, mais ces deux villes étaient très différentes. Alors qu’Athènes était la cité de l’élite intellectuelle, Corinthe était une ville portuaire qui avait mauvaise réputation. Et les problèmes sociétaux se répercutaient sur l’Eglise du lieu, cela n’a rien de surprenant.

C’est pourquoi l’apôtre parle, je reprends ses mots, d’une inconduite telle qu’on n’en voit même pas chez les païens. Et il vous suffira de relire les deux épîtres adressées aux Corinthiens pour vous rendre compte que cette Eglise était confrontée à des défis bien plus graves que la plupart de ceux qui sont les nôtres aujourd’hui.

Dans ce contexte, il vaut la peine de s’arrêter sur un aspect surprenant de notre passage. Dans ce contexte difficile, l’apôtre Paul n’exprime aucun interdit ni aucune condamnation. Ce qui est remarquable, c’est qu’il s’en tient à un discours exclusivement positif.

Il se contente de dire une chose : il dit que la solution n’est pas à trouver dans une intervention extérieure, dans une intervention qui viendrait de Paul lui-même ou d’un autre apôtre, mais que cette solution est là, à portée de main, tout simplement parce qu’elle réside en chacun des membres de cette Eglise. Cette solution, ce sont les dons et les talents que chacun peut mettre au service de la communauté.

Oui, dans cette Eglise de Corinthe, si imparfaite, chaque croyant a des dons, exactement comme dans n’importe quelle Eglise locale, y compris la nôtre.

Il s’agit de services et d’activités. Ces dons et ces talents sont là pour procurer de l’aide aux autres, et c’est pour cela qu’ils sont tous indispensables à la vie de toute Eglise locale.

Ces dons et ces talents sont divers et variés. Alors il faut leur donner une cohérence.

C’est le Saint-Esprit qui va donner cette cohérence. Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Autant les dons sont nombreux et divers, autant le Saint-Esprit leur confère une unicité. Le Saint-Esprit respecte et met à profit la diversité de chacun.

Le Saint-Esprit permet à l’Eglise de fonctionner de manière cohérente, dans la mesure où il empêche qu’un croyant se glorifie lui-même au détriment des autres et tombe dans un orgueil spirituel.

C’est ainsi que toute la gloire revient à Dieu – soli Deo gloria, comme aurait dit Calvin. S’il en est ainsi, c’est parce que le Saint-Esprit donne cette conviction que nous pouvons donner aux autres, dans la mesure où nous avons-nous-mêmes d’abord reçu de Dieu avant.

C’est pourquoi le Saint-Esprit est présent dans tout ce passage. Dans ces huit versets de ce passage, il est évoqué pas moins de sept fois.

Oui, l’Eglise de Corinthe était bien imparfaite, mais elle avait un avantage qui peut-être nous fait défaut, et qui est capital : dans cette ville de Corinthe, chaque croyant se sentait libre de participer selon ses dons et ses talents à la vie de la communauté chrétienne.

Les chrétiens de Corinthe ne font pas partie, pour la plupart d’entre eux, de l’élite. Paul leur dira : Regardez bien : parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Et pourtant, chacun d’eux a des dons et des talents.

Et personne ne semble craindre de ne pas être compétent ou de dire des bêtises. Un grand nombre d’entre eux n’hésitent pas à exprimer des paroles de sagesse. Et peut-être justement parce qu’ils avaient conscience de faire de toute façon partie d’une société méprisée, les chrétiens de Corinthe avaient confiance en leurs propres capacités.

Dans une Eglise qui fonctionne de manière satisfaisante, les services et les activités ne sont pas le fait d’un petit nombre qui serait plus spirituel que les autres, mais elles doivent être assumées par l’ensemble de la communauté. Chacun y prend sa part joyeusement.

Il en va de même pour nous aujourd’hui dans notre paroisse de Haute-Provence : même le plus humble croyant, même celui qui croit le moins en ses capacités, sait faire des choses et peut éprouver de la joie dans le service aux autres.

La vie de l’Eglise demande des savoir-faire multiples et variés. Il s’agit que chacun fasse profiter les autres de ce qu’il sait faire. Ce peut être une parole dite à propos, un service rendu, une prière, un bricolage, ou que sais-je encore. Cette liste, comme que donne Paul, n’est pas exhaustive. Elle est aussi variée que les individus et elle est donc différente d’une paroisse à l’autre. Tous ces dons, toutes ces activités, sont indispensables pour que la communauté des croyants se porte bien.

L’Eglise de Corinthe n’était pas parfaite, loin s’en faut, et pourtant, elle savait faire preuve d’une santé spirituelle, d’une fraîcheur, hors du commun et que nous pourrions prendre en exemple.

Les derniers mots de l’apôtre à cette Eglise de Corinthe, c’est une promesse qu’il lui fait : Le Dieu d’amour et de paix sera avec vous.

Et nous, dans notre paroisse de Haute-Provence, avons-nous besoin d’autre chose que cette présence du Dieu d’amour et de paix parmi nous ?

Alors, en considérant cette Eglise de Corinthe appelée à vivre la diversité dans l’harmonie, peut-être chacun de nous, dans notre paroisse de Haute-Provence, pourrait se poser ces deux questions :

  • la première question : qu’est-ce que je sais faire ?
  • et une seconde question : comment puis-je mettre ce que je sais faire au service de ma paroisse ?

Et nous pouvons faire notre cette promesse de l’apôtre Paul : Le Dieu d’amour et de paix sera avec nous.

Amen.

Bernard Mourou

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